Les motifs de notre mobilisation

Dans un premier temps nous avons été stupéfait.es par ce projet sur lequel nous n’avions reçu aucune information préalable de la part des pouvoirs publics.

Ce sentiment a été renforcé quand nous avons découvert l’ampleur de ce projet qui nous est apparu comme démesuré à l’échelle de la vallée et du village de Saint-Pierre-de-Colombier et l’inadéquation avec les valeurs de préservation des espaces portées par le PNR, qui sont partagées par de très nombreux habitant.es des Monts d’Ardèche.

Nos inquiétudes portent en particulier sur la question de la préservation de la biodiversité et du patrimoine paysager des monts d’Ardèche. Nous nous interrogeons également sur le rôle joué par les institutions représentatives locales que sont la mairie et la communauté de communes, ainsi que la préfecture en tant qu’instance administrative décisionnaire.

En effet, dans sa décision du 5 mars 2018, la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement, sous tutelle du préfet de région, a accédé à la demande des porteurs de projet de bénéficier d’une procédure dérogatoire les dispensant de la mise en oeuvre d’une étude d’impact environnemental. Cette décision est basée sur les documents fournis par la Famille Missionnaire Notre Dame qui comprennent une étude environnementale préliminaire, commandée par eux, mais insuffisante en l’espèce. Cette décision de l’autorité environnementale est particulièrement choquante, s’agissant d’un projet d’une telle envergure, qui plus est situé dans une vallée faiblement urbanisée, à proximité d’un cours d’eau abritant potentiellement des espèces animales protégées. Par ailleurs le dossier déposé par la Famille Missionnaire Notre Dame comporte une inexactitude majeure : A la question « Le Projet se situe-t’il dans un Parc Naturel Régional ? » La réponse apportée est « Non ». Sans cette falsification, la décision de l’autorité environnementale aurait-elle été la même ? De fait, si la demande de dispense d’étude environnementale n’avait pas été accordée, celle-ci aurait entrainé, selon la procédure normale, l’ouverture d’une enquête publique.

En l’absence d’enquête publique, les habitant.es de Saint-Pierre-de-Colombier et de la Vallée de la Bourges, ne pouvaient compter que sur leurs représentant.es élu.es pour les tenir informé.es de l’existence et de l’avancée du dit projet. Or, le conseil municipal de Saint-Pierre-de-Colombier a failli en la matière. Informé du projet de construction de la Famille Missionnaire Notre Dame depuis plusieurs années, il n’a à aucun moment communiqué l’information aux habitant.es du village. Il s’agit là d’une défaillance démocratique grave qui nous interroge fortement. Et quand bien même, les habitant.es de Saint-Pierre-de-Colombier ne seraient pas les seuls impacté.es par les nuisances engendrées par le chantier de cette infrastructure et son utilisation.

Saint-Pierre-de-Colombier étant la porte d’entrée de la Vallée de la Bourges, les habitant.es de Burzet, Péreyres, Sagnes-et-Goudoulet, ainsi que les villages de Chirols et Meyras situés en aval, en subiront également les conséquences sur le plan de la pollution visuelle, de la gestion de l’eau et du trafic routier. L’acheminement des « pèlerins » étant prévu par rotations de cars depuis la commune de Montpezat-sous-Bauzon, on peut s’attendre a un ballet incessant d’autocars circulant et manoeuvrant sur la Route Départementale 26 les jours de procession. Dans l’hypothèse où la capacité d’accueil de la « Basilique » ne serait qu’à moitié atteinte, c’est à dire 2000 visiteurs, cela représenterait 40 autocars. Qui peut nier le désagrément engendré pour les habitant.es de la vallée ?

De sérieux doutes subsistent quant à la durée des travaux. La Famille Missionnaire Notre Dame ne fournit aucune réponse satisfaisante quant à ses capacités de financement d’un projet chiffré initialement à 17,7 Millions d’Euros. Officiellement le financement est entièrement basé sur des dons de la part de ses membres et sympathisant.es. Qu’en est-il de cette levée de fonds ? A t’elle permis à ce jour de réunir les sommes nécessaires ? Ou allons-nous devoir subir un chantier à durée indéterminée, progressant au rythme aléatoire de leurs rentrées d’argent ?

Pour ce qui est de l’aspect religieux de ce projet de construction pharaonique, certains voudraient caricaturer notre mobilisation en un combat anti-religieux en cherchant à nous réduire à un groupe de laïques opposé.es à une communauté religieuse. Nous insistions sur le fait que nos griefs contre ce projet portent sur des considérations environnementales et démocratiques ainsi que sur la disproportion entre l’ampleur du projet et le site choisi. Nous serions tout autant indigné.es s’il s’agissait d’une entreprise du village qui, sous prétexte d’élargir ses activités, décidait de construire un immeuble de 20 étages au bord de la Bourges, au coeur du Parc Naturel Régional des Monts d’Ardèche.

En réponse aux arguments des porteurs de projet, qui prétendent que la construction de ce sanctuaire est nécessaire à leurs activités, nous tenons à rappeler que Saint-Pierre-de-Colombier dispose déjà d’une église. Et que la Famille Missionnaire Notre Dame a entrepris ces dernières années une grande campagne d’acquisition de bâtiments dans le village, lesquels sont laissés vacants pour n’être utilisés que quelques jours par an. 

Il est compréhensible qu’une communauté composée de foyers disséminés dans toute la France ressente le désir de rassembler occasionnellement ses membres en un lieu unique. Toutefois, il existe déjà des infrastructures prévues à cet effet, tels des centres de congrès. Il nous apparaît aberrant de saccager une vallée d’Ardèche pour un projet d’infrastructure colossal dont les habitant.es ne sont absolument pas demandeurs et qui va mettre en péril son intégrité environnementale. 

Soutenez notre action en signant la pétition : https://www.change.org/p/préfecture-de-l-ardèche-halte-au-projet-de-bétonnage-des-rives-de-la-bourges

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